Billet n°1 – Janvier 2018
Bonne année!
En ce début d’année, je vous présente mes vœux les plus chaleureux pour 2018, des vœux de succès et de redressement pour la France dans une Europe relancée, des vœux pour notre modèle social qui doit être préservé et renforcé, des vœux républicains
pour nos institutions et en particulier le Sénat qui va jouer tout son rôle dans l’équilibre des pouvoirs, des vœux de sérénité et de reconstruction pour la famille socialiste, des vœux de bonheur et de vie meilleure pour les Nordistes et enfin des vœux plus personnels de proximité et de perspectives nouvelles et partagées pour les Lillois, les Lommois et les Hellemmois.
Des vœux à la France. Notre pays va mieux, il faut le reconnaitre. Les signes d’une reprise économique sont évidents à ce stade. Ces signes ne doivent rien au hasard et de datent pas exclusivement – loin s’en faut – du choix des Français aux mois de mai et juin derniers. Je n’oublie pas en effet qu’Emmanuel Macron fut Conseiller de François Hollande et ministre de l’Economie dans un gouvernement qui a engagé ce redressement durant la plupart des 4 années qui ont précédé les élections présidentielles. J’ai – à titre personnel – le souvenir précis du lancement de la Filière économique du Sport avec Emmanuel Macron en 2016, une volonté commune désormais traduite en actes concrets. La France va mieux c’est vrai mais cette amélioration est-elle équitablement partagée entre tous ? je ne le crois pas et c’est ce qui me place dans une opposition vigilante et non caricaturale au nouveau pouvoir.
Tous mes vœux à notre modèle social. Notre protection sociale est le fruit d’une belle et longue histoire, de combats du monde ouvrier, de l’engagement déterminant de forces syndicales et politiques qui se sont construites pour faire vivre en harmonie nos libertés et la solidarité indispensable à la cohésion du corps social. Pour préserver et renforcer notre modèle social, l’implication des pouvoirs publics est primordiale pour fixer le cap politique de la solidarité. Le marché capitaliste n’apporte en effet jamais spontanément de réponses satisfaisantes au besoin de cohésion sociale. Je suis opposant à la nouvelle majorité, non par dogmatisme ou posture, mais parce que l’accumulation de mesures sociales néfastes, telles que la fragilisation du logement social, l’abandon de nombre d’emploi aidés, la hausse de la CSG pour les retraités…, suffit à convaincre que la dimension sociale est le parent pauvre du nouveau pouvoir qui, s’il affirme n’être ni de droite ni de gauche, n’est surtout pas de gauche. Plus proche de nous, j’en veux pour exemple la volonté de l’entreprise PIMKIE de mettre en place une rupture conventionnelle collective (rendue possible par les ordonnances du Gouvernement Philippe) qui s’apparentait en réalité à un licenciement collectif abusif. Je me satisfais que cette démarche ait été abandonnée par les dirigeants sur la pression des syndicats, et j’apporte tout mon soutien aux salariés et à leurs représentants dans les négociations à venir. Par ailleurs, j’interrogerai le Gouvernement au Sénat sur cette question.
Des vœux à nos institutions républicaines. Nos institutions ont largement été renouvelées en 2017, Présidence de la République, Gouvernement, Assemblée Nationale et Sénat. Pour le moment, une majorité de français semble exprimer une certaine confiance dans ses nouveaux responsables politiques. Cette situation est fragile et j’en sais quelque chose pour avoir été durant 3 ans ministre d’un gouvernement qui n’a pas toujours bénéficié de cette confiance. Au sein même de ma famille politique, les électeurs sont partagés entre confiance et opposition, avec toutes les nuances qui vont du soutien franc à la modération et à la radicalité. C’est pourquoi depuis mon élection au Sénat en septembre dernier, je me suis efforcé d’être à l’écoute de cette diversité tout en exprimant une opposition claire à chaque fois que je pensais que le nouveau pouvoir n’allait pas dans la bonne direction. Ce sont un honneur et une responsabilité pour moi de « fabriquer la loi » et de prendre toute ma part dans la défense de la démocratie locale. Il faut en effet un équilibre des pouvoirs renforcé dans cette nouvelle configuration politique. Le Sénat a toute sa place pour favoriser cet équilibre nécessaire. Il lui revient de faire entendre une petite musique différente de celle de l’Assemblée nationale.
Pour ma part, cette petite musique s’inscrira dans les pas d’un grand sénateur lillois auquel je veux rendre hommage. J’occupe en effet au Sénat – et ce n’est pas un hasard – le bureau de Pierre Mauroy et la nouvelle permanence parlementaire partagée avec mon amie et collègue Martine Filleul est désormais ouverte au 211 rue Pierre Mauroy à Lille. Elle accueillera toutes celles et tous ceux qui souhaitent nous rencontrer, échanger, exposer des difficultés ou des attentes. Ils seront tous bienvenus.
Des vœux aux socialistes. La famille socialiste a connu une terrible année 2017, une des pires de son histoire, après avoir affiché tant de divisions et de fureur interne durant le dernier quinquennat. L’électorat socialiste s’est divisé lors des élections présidentielles entre des choix bien divergents. Son candidat à l’élection présidentielle n’a pas souhaité assumer le bilan de François Hollande et s’est empressé de quitter sa famille politique deux mois plus tard. Les françaises et les français ont sanctionné et continuent de sanctionner durement l’image ainsi projetée. Pourtant en toute objectivité, cette famille socialiste n’a pas vocation à disparaitre. Elle exprime en effet toujours et pour longtemps une voie originale et spécifique qui sait concilier une dimension sociale essentielle et un attachement profond aux valeurs démocratiques et aux libertés individuelles et collectives. Les socialistes ne peuvent s’incarner dans un mouvement populiste ou tribunicien d’extrême gauche, les socialistes peuvent nouer des accords ponctuels ou circonstanciels avec ces forces, mais jamais se confondre avec elles. Les socialistes ne peuvent non plus se reconnaitre dans un hypercentre, avec lequel elle peut partager un profond attachement européen ou certaines valeurs démocratiques, mais dont elle se distingue profondément sur la question sociale.
C’est pourquoi les socialistes retrouveront prochainement toute la place qui est la leur dans le débat public, dès que le climat de confusion actuel s’estompera.
Mais pour renaitre ainsi il faut d’abord se refonder avec un projet cohérent et porté unanimement une fois qu’il est démocratiquement défini en interne. Pour se refonder, il faut aussi une nouvelle équipe de direction, plus resserrée et incarnée. Ces choix seront faits dans les prochaines semaines et je m’y engagerai pleinement.
Toutefois je veux tirer un signal d’alarme. En effet si les socialistes rejouent les scénarii des petites phrases venimeuses à l’encontre d’eux mêmes, des haines recuites, des leçons trop vites données et des postures caricaturales, leur avenir serait alors compromis. Ne nous y trompons pas, le spectacle de la mise en scène des capacités de nuisance internes serait encore moins compris aujourd’hui de la part d’un parti affaibli qu’il ne l’a été hier dans un parti majoritaire.
Un nouvel élan, un nouveau projet, une nouvelle organisation et une direction cohérente, c’est tout ce que je souhaite aux socialistes pour 2018 qui retrouveront – sans jamais renier leur passé – l’écoute du pays.
Meilleurs vœux pour 2018 aux Nordistes et à Lille.
Les attentes et les projets des Hauts de France et du Nord doivent être mieux entendus au plan national et européen. Notre population connait encore bien trop de difficultés et de disparités sociales, bien plus que dans les autres régions.
Ce n’est en rien le produit de politiques locales qui ont mis en œuvre tout ce qu’il était possible à leur échelle pour réduire les fractures et relancer le dynamisme et l’attractivité de notre territoire.
Ce dont nous avons structurellement besoin c’est d’une discrimination territoriale positive à l’échelle du pays et de l’Europe. La métropolisation voulue par l’Etat ne peut opposer les territoires entre eux. Il faut impérativement poursuivre et amplifier en 2018 la dynamique engagée par le précèdent gouvernement en faveur du renouveau du Bassin minier. La réalisation du Canal Seine-Nord Europe doit être un autre signal fort du gouvernement et de l’Union Européenne. La réduction du nombre de chômeurs et la réindustrialisation dans des domaines de pointe doivent contribuer aussi à atténuer nos inégalités.
Il n’aura échappé à personne que les Hauts de France sont menacés d’une vague populiste, déjà si haute en 2017. Cette vague est bien plus l’expression d’une colère qu’une identification à l’extrême-droite. Je serai de ceux qui se battront sans relâche pour que des réponses rapides soient apportées à cette vive colère. Toutes les bonnes volontés sont bienvenues, politiques, associatives, économiques, syndicales… pour que nous soyons mieux écoutés, totalement compris et concrètement pris en compte dans les priorités nationales et européennes. Bâtissons ensemble les digues contre le déclinisme!
Au sein des Hauts de France, Lillois je suis et Lillois je resterai. Je veux donc présenter des vœux plus personnels à Lille, aux Lillois, aux Lommois et aux Hellemmois. Fierté, confiance, respect, ce sont les mots qui me viennent spontanément dans mon lien de toujours avec les Lillois. Fierté d’être en tous point l’un des leurs et de les représenter au niveau national. Confiance dans l’énergie qu’ils impulsent en faveur de l’attractivité de leur ville, confiance dans le lien serein et affectif qui me lie à chacun d’entre eux. Respect pour leur parcours si différents et complémentaires dans la cité, quelques soient leur sexe, leur âge, leurs origines et leurs situations sociales. En fait, amour partagé pour une ville aux atouts infinis.
La vie municipale lilloise à venir ne peut servir de marchepied aux ambitions individuelles, fussent-elles celles d’un ministre opportunément converti et rallié à la nouvelle majorité nationale. Cette vie municipale ne peut – je crois – non plus s’incarner dans des logiques de relais un peu aléatoires, susceptibles d’être mal comprises des Lilloises et des Lillois.
Lille, Lomme et Hellemmes seront bientôt à la croisée des choix qui conditionneront leur place dans le 21ème siècle, dans la lignée de l’œuvre accomplie par Pierre MAUROY et Martine AUBRY. Projets de Métropole, de ville, de communes associées et de quartiers, nécessité de renouvellement et de nouvel élan. Démocratie locale plus affirmée pour une élaboration encore plus partagée d’un véritable projet citoyen. Tels sont les défis à venir sur des bases claires de proximité, de vivre ensemble, de réduction des inégalités, de renouveau urbain et culturel, d’une meilleure prise en compte des défis environnementaux, climatiques et énergétiques…
Je compte prendre toute ma part dans l’élaboration de ce futur contrat entre les Lillois et Lille, à la place qui sera la mienne, celle de l’efficacité concrète et d’un rapport confiant avec les habitants de ma ville. Une certaine maturité et mon parcours me dispensent assurément de m’inscrire dans une logique planifiée de carrière personnelle.
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Alors oui, 2018 pourra, si nous le décidons, être une année d’engagement, de détermination et d’affirmation de nos valeurs. Alors oui en ce début 2018, reprenons la belle phrase de Victor Hugo : « saluons cette année nouvelle qui vieillit notre amitié sans vieillir notre cœur »
Bonne année 2018 à chacune et chacun d’entre vous.
Patrick KANNER
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