Lundi 24 avril 2017
Mes chers camarades, mes chers amis,
Je ne m’habitue pas – et je ne m’habituerai jamais – à la présence du Front national au 2ème tour d’une élection républicaine. Dans notre département, dans notre région, Marine Le Pen obtient des scores très élevés à ce 1er tour de scrutin présidentiel. La mission prioritaire de la Gauche est d’engager un travail méthodique de reconquête auprès de citoyens qui se sentent laissés pour compte.
De manière immédiate, urgente, nous devons déjà empêcher Marine Le Pen d’accéder à la fonction suprême. Nous devons appeler à voter massivement pour Emmanuel Macron lors du second tour. Je ne suis pas de ceux qui refusent de prononcer son nom.
Par notre mobilisation, non seulement nous permettrons de reléguer le Front national le plus bas possible, mais nous marquerons aussi notre sensibilité, nos attentes pour ce quinquennat. Il est crucial que dans la perspective des législatives les valeurs qui sont les nôtres soient bien représentées. Le quinquennat qui s’ouvre sera un quinquennat de progrès si la Gauche réformiste y est présente, active et influente.
Mes chers camarades, je mesure la déception des militants qui se sont mobilisés sincèrement depuis 3 mois. Permettez-moi cependant de revenir sur le contenu de la lettre que je vous ai adressée le 1er février, au lendemain des primaires. Je vous invitais à vous engager dans la campagne de Benoît Hamon, en précisant, de mon point de vue, les conditions de son succès : rassemblement des socialistes, défense de l’essentiel du bilan, ajustement du projet. A ce moment-là, Benoit Hamon était à 18% dans les sondages, à 2 points derrière Emmanuel Macron et 9 points devant Jean-Luc Mélenchon. Je ne demandais pas à Benoît Hamon de se mettre dans les pas de François Hollande, mais au moins de ne pas vouloir en effacer les traces.
Force est de constater qu’aucune de ces préventions n’a été entendue, dans une campagne à contretemps. Toute une partie de notre famille a été laissée de côté, voire repoussée, tandis que le candidat a perdu un temps infini dans des accords infructueux ou déséquilibrés avec d’autres forces politiques. J’ajoute que l’accord avec EELV modifiait structurellement le programme présenté par Benoit Hamon lors de primaire et qu’il n’a pas été soumis à l’approbation des instances légitimes de notre parti.
Face à Jean-Luc Mélenchon, la faute aura été de souligner les proximités plus que les divergences, dans un pacte de non-agression à sens unique. Résultat : de très nombreux électeurs socialistes ont préféré le plus expérimenté et le plus charismatique.
Le bilan n’a jamais vraiment été défendu, même de manière sélective, laissant nos électeurs perplexes et sans boussole. Enfin, hormis des allers et venues incompréhensibles sur ce qui devait être le pilier du projet, le revenu universel, aucun ajustement programmatique n’a eu lieu, cantonnant la candidature de Benoît Hamon à une candidature protestataire.
Avec 6,35% des voix, Benoît Hamon fait le plus bas score du parti socialiste depuis sa création en 1971. A Lille, dans le Nord et dans les Hauts de France, Benoît Hamon arrive 5è, loin de ce que devrait être le score d’un parti de gouvernement.
Pour les législatives, nous devrons mener une campagne très différente de ce que fut celle des présidentielles. Il est de notre intérêt d’expliquer ce qui a été fait dans ce quinquennat, surtout quand les résultats positifs arrivent, de plus en plus nets. Il faut mettre un terme à la caricature du bilan, relayée y compris par certains des nôtres. Nous devrons dire comment nous pouvons faire plus et mieux encore, reconnaître les difficultés, dessiner un nouveau projet pour la France.
Ce projet s’inscrira résolument dans une perspective social-démocrate, réformiste, progressiste. Il sera sans doute incompatible avec l’accord passé avec EELV, qui ne correspond pas à l’exigence d’une Gauche de gouvernement et qui lèse les candidats socialistes.
Chers camarades, chers amis, vous pouvez compter sur mon total engagement dans les semaines, mois et années à venir. Un travail immense nous attend. La gauche est au pied du mur. Avec vous, je veux être à la hauteur de cette période historique.
Amicalement,
Patrick Kanner
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