Aux obsèques du célèbre footballeur Raymond Kopa ce mercredi 8 mars, j’ai prononcé quelques mots. A lire ci-dessous :
Une légende s’en est allée. Un symbole s’en est allé.
La légende Raymond Kopa nous a enchantés.
A chaque époque ses génies, dans les arts, les lettres, les sciences. Et dans le sport.
Oui, il existe un génie sportif. Raymond Kopa en était.
La fulgurance de son jeu, son intelligence, sa technicité, en faisait un footballeur à part. De ceux qui nous enthousiasment, qui nous transportent, et même qui nous inspirent. Il n’y a pas de buteur sans passeur.
Raymond Kopa a inspiré des générations de jeunes et de moins jeunes footballeurs. Noël Le Graët et Nathalie Boy de la Tour sont ici pour en témoigner.
Chacun qui s’est passionné pour un sport sait comme ces grandes figures sont précieuses.
Elles nourrissent la passion, elles nous donnent envie de nous dépasser, de progresser.
Progresser. C’est une belle idée que celle de progrès et sa puissance symbolique.
L’idée que nous pouvons, par notre travail, par nos efforts, devenir meilleurs.
L’idée que les choses ne sont pas données une fois pour toutes, que nous avons prise sur notre destin, qu’un enfant de la mine peut changer le cours de sa vie toute tracée.
L’idée que nous ne sommes jamais complètement achevés ; que chacun, quelles que soient ses qualités et ses aptitudes, est un potentiel, une promesse.
Cela vaut dans le sport comme dans tous les domaines de la vie.
C’est une des leçons que je retiens de ces trajectoires d’exception.
Celle de Raymond Kopa, Raymond Kopaszewski, me touche particulièrement.
Peut-être parce que ses origines étaient polonaises, comme les miennes.
Et le ministre des sports que je suis nordiste sait ce que la France doit à la communauté polonaise. Hier encore j’étais à Oignies, dans ce bassin minier avec le Premier ministre pour redonner un nouvel espoir à ses habitants.
Lui de tradition catholique, moi juive.
La grande histoire est faite de ses petites histoires, ses histoires familiales qui en disent long.
Les uns et les autres se sont retrouvés en France, leurs enfants sont nés français.
Et la République a fait son travail. Elle a montré sa force de cohésion, sa capacité à faire du commun.
Nous enfants d’immigrés savons aussi ce que nous devons à cette France, ferme, courageuse, généreuse, qui s’ouvre à tous ses enfants, d’où qu’ils vienne, quel que soit leurs noms, Kopa, Hidalgo, Platini ou Zidane.
J’ai vibré gamin devant les exploits de Raymond Kopa, préfigurateur du « black, blanc, beur » de 1998.
Il portait les couleurs nationales, les seules qui comptent.
Nous étions des Français. Nous sommes la France.
Alors oui, aujourd’hui, Ministre de la République, j’ai l’immense honneur, et l’immense tristesse, de rendre hommage à Raymond Kopa, légende et symbole à la fois, celles et ceux de la France qu’on aime.
J’adresse mes sincères condoléances, et à travers moi, la République française, à la famille de Raymond Kopa, à ses proches, et à cette belle communauté du football.
Seul le prononcé fait foi.
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