Mardi 14 mars s’est déroulée un grande journée organisée par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), en lien avec le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et le Commissariat Général à l’Investissement, où se sont rencontrées des structures de l’innovation urbaine et sociale et des territoires en renouvellement urbain.
Retrouvez mon discours prononcé à cette occasion :
Je me réjouis que les quartiers puissent faire l’objet d’intérêt de la part des acteurs de l’innovation.
C’est une bonne nouvelle pour les quartiers ; c’est une bonne nouvelle pour ces acteurs de l’innovation également, car dans les quartiers, git un potentiel considérable.
Innovation sociale, innovation écologique, innovation économique : les quartiers prioritaires sont un laboratoire formidable.
Pourquoi je dis cela ?
Ce n’est pas juste une formule de circonstance…
Non, ce sont des territoires d’innovation potentielle car ce sont des territoires qui ont dû, par leur créativité, pallier les carences de la puissance publique.
Je le dis sans détour, sans langue de bois.
Oui, mon rôle est d’assurer aux habitants de ces quartiers une égalité de traitement et donc de veiller à ce que précisément s’opère un retour de la puissance publique dans toutes ses dimensions : école, police, transports, services de l’emploi, espaces culturels et sportifs.
Mais, pour reprendre le langage des psychologues, je dirais que ces quartiers ont développé une capacité de résilience supérieure à d’autres territoires.
Qu’il n’y ait pas de malentendu : je ne fais pas l’éloge du retrait de l’Etat et je ne justifie en rien les manquements qu’ont pu être ceux de la République à l’égard de ces quartiers.
Je dis simplement que ce contexte a conduit à doper la créativité, le goût de l’entrepreneuriat, des habitants.
Dans les quartiers prioritaires, on crée deux fois plus d’entreprises qu’ailleurs. Les cessations d’activité sont aussi deux fois plus importantes… mais l’envie est là, les compétences et l’énergie sont là.
Il y a besoin de rencontrer de l’expertise, d’être accompagné, de consolider son réseau.
Il y a, au sens strict, de la ressource humaine dans les quartiers. Depuis deux et demi que je sillonne la France, de quartier en quartier, je peux en attester.
J’ai rencontré leurs entrepreneurs ;
j’ai rencontré leurs artistes ;
j’ai rencontré leurs responsables associatifs ;
j’ai rencontré leurs sportifs ;
j’ai rencontré les jeunes à qui des dispositifs tels que la Grande école du numérique ou la charte entreprises et quartier donnaient de nouvelles perspectives et qui s’y engageaient avec une volonté peu commune.
Il y a des pépites pour qui prend le temps d’investir dans ces quartiers.
La deuxième raison pour laquelle j’avance que les quartiers sont un formidable laboratoire d’innovation, c’est qu’ils sont confrontés à des problématiques que l’on ne retrouve pas ailleurs, si ce n’est en nature, en tout cas en intensité.
Et que face à ces enjeux plus grands, plus urgents, il y a un besoin d’innovation considérable.
Il y a besoin d’innovations démocratiques.
Le Gouvernement a participé à ce mouvement en créant les conseils citoyens. Ils sont 1100 aujourd’hui.
Mais quantité d’autres initiatives existent ou sont encore à imaginer.
Il y a besoin d’innovations sociales.
Nous travaillons avec les centres sociaux à des nouvelles modalités d’intervention, nous soutenons la création de « fabriques d’initiatives citoyennes ».
Mais là encore, il y a tant à faire.
Il y a besoin d’innovations économiques.
J’ai cette conviction que le développement des quartiers passe par leur développement économique, et plus précisément par un développement endogène.
Du moins, un développement qui se fait avec les ressources du territoire.
Désormais le développement économique est l’un des trois piliers du renouvellement urbain, et je crois que c’est de bon augure pour la suite.
Là aussi, nous avons agi, sans prétendre avoir tout réglé :
– Nous avons créé l’Agence France Entrepreneur, dont je remercie le Président pour son dynamisme et sa créativité.
– Nous avons repensé les exonérations fiscales et créé les ZFU-TE (territoire entrepreneur).
– Nous avons développé des dispositifs fiscaux en faveur des entreprises commerciales et de service.
Mais rien ne sera possible sans l’engagement des acteurs privés.
Il y a enfin besoin d’innovations écologiques.
L’écologie n’est pas l’apanage des quartiers riches ou de ceux que l’on appelle désormais « bobos ».
Les quartiers populaires que l’on appréhende bien trop souvent sous l’angle du manque, de la carence, doivent aussi pouvoir prétendre à l’excellence, en l’occurrence à l’excellence environnementale.
C’est pourquoi nous avons lancé ce programme des investissements d’avenir intitulé « ville durable et solidaire ».
Une ville plus solidaire, plus conviviale, plus écologique, qui préserve aussi les cœurs historiques, y maintient des commerces de proximité pour donner envie à nos concitoyens d’y vivre et d’y voir grandir leurs enfants.
C’est dans cet objectif que 71 millions ont été mobilisés sur ce programme dans un premier temps et qu’aujourd’hui il se poursuit et s’amplifie.
Je vous remercie tous pour votre présence et votre participation à cette ambition collective.
Que cette manifestation soit l’occasion de rencontres fructueuses.
L’Etat est là, bien là, mais l’Etat ne peut pas tout.
Il faudra conjuguer les forces et les intelligences pour relever le défi de l’égalité territoriale.
Seul le prononcé fait foi.
Leave A Reply